Les organisations de défense des droits humains dénoncent l’opacité de l’ULCC

Un ensemble d’organisations de défense des droits humains, dont Droit et Vie Humaine (DVH), AUMOHD, ORDEDH, OHDLP, CIDHU et LHDDH, tirent la sonnette d’alarme sur la lenteur et le manque de transparence des enquêtes de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC).

Dans une note publique, en date du 04 octobre 2025, elles rappellent avoir saisi officiellement l’ULCC depuis juin 2025, puis transmis des informations supplémentaires en août 2025, concernant des soupçons de corruption impliquant le ministre des Affaires Sociales et du Travail, Georges Wilbert Franck, et le ministre de la Défense, Jean Michel Moïse.

Malgré ces démarches, aucun résultat tangible n’a été communiqué à ce jour.

Les organisations dénoncent une justice à deux vitesses, soulignant la rapidité avec laquelle a été traité le dossier du Ministère de la Jeunesse et des Sports, comparée à la lenteur observée pour le ministère des Affaires sociales et du Travail et le ministère de La Défense. Cette situation, disent-elles, jette un doute sur l’impartialité de l’ULCC.

Elles pointent du doigt des proximité politiques et conflits d’intérêts au sein même de l’institution anticorruption, et appellent son Directeur Général, Hans Joseph, à « faire preuve d’indépendance et d’équité ».

Face à ce blocage, les organisations exigent du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et du gouvernement la suspension immédiate des ministres concernés « afin d’éviter toute apparence d’impunité ».

Dans leur note, elles saluent le travail du Bureau des Affaires Économiques et Financières (BAFE), notamment sur le dossier du ministère de la Défense, mais lancent un appel urgent à l’ULCC pour :

communiquer publiquement sur l’avancement des enquêtes, prendre des mesures concrètes, et garantir un traitement équitable de tous les dossiers de corruption.

Les signataires concluent en avertissant que « le silence de l’ULCC ferait d’elle une complice passive de la corruption en Haïti ».

Enquête exclusive – Alternance Média met au jour les pratiques internes

En parallèle de cette note, Alternance Média a pu consulter des documents internes et recueillir plusieurs témoignages confirmant l’existence de graves pratiques de corruption et de détournements au sein des ministères visés.

1. Des contrats fictifs en série

Au ministère de la Défense, sur un effectif annoncé de 521 contractuels, seuls 281 contrats sont réels. Les 240 restants concernent des employés fictifs.

Selon nos vérifications, le Directeur des ressources humaines, Bélange Alexis, l’administrateur Norbert Chéry et le ministre Jean Michel Moïse se partageraient les bénéfices de ces contrats frauduleux.

2. Une carte de débit aux largesses colossales

La cheffe de cabinet, Me Candide Kaustky Jean, dispose d’une carte de débit alimentée chaque mois par le ministère.

Selon les pièces consultées par Alternance Média, cette carte sert à dépenser près de 2 millions de gourdes mensuellement, initialement destinées à la « petite caisse » du ministère.

3. Des contrats bidons attribués à des proches

L’administrateur Norbert Chéry aurait octroyé plus d’une centaine de contrats fictifs à des entreprises sans existence réelle.

De son côté, le DRH Bélange Alexis aurait validé plus de 200 contrats frauduleux en collusion avec le ministre.

Une affaire test pour l’ULCC

Ces révélations, qui recoupent les dénonciations des organisations de défense des droits humains, posent une question cruciale : l’ULCC peut-elle encore faire preuve d’indépendance et de transparence face à de tels scandales ?

En attendant, les ministres concernés continuent d’exercer leurs fonctions, tandis que des fonds publics sont détournés au détriment de la population.

👉 Alternance Média poursuit son enquête et mettra à disposition des documents probants dans ses prochaines publications.

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.

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