La proposition de nouvelle Constitution dévoilée par le Comité de pilotage de la conférence nationale bouleverse l’équilibre institutionnel en Haïti. Le texte met fin à la fonction de Premier ministre, au profit d’un duo président–vice-président, secondés par des ministres et secrétaires d’État, observe, dans sa chronique, Ralph Siméon, éditorialiste à «  ALTERNANCE MÉDIA « …

Ce schéma rappelle davantage un régime présidentiel classique, où le chef de l’État concentre l’essentiel du pouvoir exécutif. Les articles 133 à 134-3 précisent même un ordre de succession détaillé, allant du vice-président aux présidents des deux chambres, puis à un ministre selon l’ordre de préséance.

Pour ses promoteurs, cette réforme vise à simplifier le fonctionnement de l’État, réduire les blocages institutionnels et mettre fin aux interminables bras de fer entre présidents et Premiers ministres. Pour ses détracteurs, elle ouvre la voie à une présidence renforcée, voire à une dérive autoritaire.

Les craintes sont d’autant plus vives que l’initiative survient dans un contexte de transition fragile, où l’absence d’un Parlement élu et la faiblesse des institutions risquent de transformer ce projet en instrument de concentration du pouvoir.

La suppression du poste de Premier ministre, défendue par une partie du CPT, est déjà perçue par Alix Didier Fils-Aimé comme une sentence politique : son mandat pourrait entrer dans l’histoire comme celui du dernier Premier ministre de la République d’Haïti.

La question reste donc entière : cette réforme constitutionnelle permettra-t-elle de stabiliser le pays, ou ne fera-t-elle qu’accentuer les divisions d’une société déjà fragmentée ?

By Ralph Siméon

Ralph SIMÉON- journaliste engagé, animateur et entrepreneur. J'ai fait mes premiers pas à Radio Haïti Inter, média emblématique et référence nationale. En France, j'ai cofondé Haïti Tribune avant de rejoindre le service créole de Radio France Internationale ( RFI). Mon parcours incarne un engament constant en faveur de l'information , du lien social et de la valorisation d' Haïti sur la scène internationale.