L’idée peut sembler choquante, voire absurde. Comment la bouche, symbole de propreté, d’hygiène et de communication, pourrait-elle être plus « sale » que l’anus, associé aux déchets et à l’excrétion ?
Et pourtant… selon certains critères scientifiques, notamment microbiologiques, la cavité buccale est effectivement l’un des endroits les plus densément peuplés en micro-organismes du corps humain, bien plus que la zone anale.

Que signifie exactement « sale » ?

Avant de tirer des conclusions hâtives, il faut clarifier ce que l’on entend par « saleté ».
Ici, le mot ne désigne pas la saleté visible ou liée aux excréments, mais plutôt la présence, la densité et la diversité des micro-organismes : bactéries, champignons, virus, etc.

À ce jeu-là, la bouche surpasse largement la peau péri-anale :

  • 500 à 700 espèces bactériennes différentes peuvent cohabiter dans la cavité buccale.
  • À l’inverse, la surface externe de l’anus héberge une flore bien moins variée (même si l’intérieur du côlon est, lui, extrêmement riche en bactéries — ce n’est pas le sujet ici).

Un écosystème dense et actif

La bouche est un véritable écosystème microbiologique, particulièrement propice à la prolifération microbienne. Elle offre un environnement :

  • Chaud
  • Humide
  • Riche en nutriments
  • Exposé à l’oxygène

Ces conditions idéales favorisent la formation de biofilms, comme la plaque dentaire sur les dents, et permettent à une grande variété d’organismes de s’installer durablement :

  • Bactéries : Streptococcus mutansPorphyromonas gingivalisFusobacterium nucleatum
  • Champignons : notamment Candida albicans
  • Virus : y compris des virus latents comme le virus herpès ou le papillomavirus
  • Protozoaires : dans certains cas particuliers

Et l’anus, dans tout ça ?

L’anus, souvent stigmatisé dans l’imaginaire collectif, est en réalité moins favorable à la prolifération bactérienne, du moins à sa surface externe.

Pourquoi ?

  • Sa peau est plus sèche
  • Elle est exposée à l’air, ce qui limite les environnements anaérobies (sans oxygène)
  • La majeure partie du microbiote intestinal se trouve à l’intérieur du côlon, et non à la surface de la peau péri-anale

Ce que dit la science

Des études ont démontré que :

  • Un millilitre de salive ou de plaque dentaire contient des milliards de bactéries.
  • Certaines zones de la bouche (comme la langue ou les poches parodontales) peuvent héberger des bactéries pathogènes, parfois résistantes aux traitements.
  • En comparaison, la peau autour de l’anus contient une flore moins diverse et moins active.

Pourquoi c’est important ?

Cette réalité biologique a des implications très concrètes :

  • Les infections buccales peuvent facilement se propager dans l’organisme.
  • Une mauvaise hygiène bucco-dentaire peut être liée à des maladies systémiques : maladies cardiovasculaires, diabète, infections pulmonaires, accouchements prématurés, etc.
  • D’où l’importance capitale de maintenir une bonne hygiène orale, souvent sous-estimée.

En conclusion : une « saleté » relative, mais révélatrice

Oui, selon les critères scientifiques de diversité et de densité microbiennela cavité buccale est plus “sale” que l’anus.
Mais il ne s’agit pas d’un jugement moral ou esthétique. Ce constat invite surtout à revaloriser l’importance de l’hygiène bucco-dentaire dans une perspective de santé globale.


La saleté n’est pas toujours là où on l’imagine… et la santé commence souvent par la bouche.


By Graziela Debora JACQUES

Graziela Debora JACQUES, médecin -dentiste et journaliste santé d' ALTERNANCE MÉDIA, est diplômé de l' université de la fondation Jean Bertrand ARISTIDE, reconnue pour son excellence académique et sa formation dans le domaine de la santé. En plus de sa pratique, elle s'engage également dans des activités de sensibilisation à la santé bucco-dentaire. Elle participe régulièrement à des campagnes de prévention et des ateliers éducatifs pour informer le public sur l'importance des soins dentaires et encourager de bonnes habitudes d'hygiène buccale