Par Joseph Widmayer ANGLADE, journaliste Sport/ Culture ALTERNANCE MÉDIA

Le ballon d’or de Messi en 2010, celui de Cristiano en 2013… sont tous des ballons d’or controversés 

1.  Comment France Football désigne-t-elle le gagnant de ce prix ?

Créé en 1956 par France Football, le ballon d’or est devenu au fil du temps le prix individuel le plus convoité du monde football. Ce magazine mensuel français a trouvé la bonne formule pour tenir tous les amoureux du ballon rond en haleine tout au long d’une saison. Pour désigner le lauréat de ce prix, le magazine procède par voie électorale.

2.   Qui ont les droits de vote ?

Avant de passer au vote, France Football nomme 30 joueurs qui ont marqué le monde du foot durant la saison. Ce sont des journalistes issus des 100 premiers pays du classement FIFA qui ont le droit de choisir 10 des 30 nominés. Chaque nom de la liste se verra accorder un nombre de points suivant sa place dans le top 10. À titre d’exemple, le premier disposera de 15 points, le deuxième de 12 points, le troisième de 10 points jusqu’au dixième qui n’aura que 1 point. Les votants ont trois critères préétablis pour faire leurs choix : les performances individuelles ; l’aspect collectif et trophée remporté ; et la classe et le fair-play du joueur en question. Le joueur obtenant plus de points selon sa place dans les différents top 10 des journalistes sera couronné « joueur de la saison ». 

 

 

3.   Quel était l’apport des deux plus grands concurrents de ce titre au sein de leurs équipes respectives ? 

Pour la saison 2023-2024, il y avait 5 des 30 nominés qui étaient de sérieux prétendants au trône du monde de football. Ces joueurs ont marqué la saison avec leur club respectif ainsi que leur sélection nationale. Il y avait Vinicieus José Paixo de OLIVERA Junior dit Vinicius Jr, Lautaro Javier MARTINEZ, Jude Victor William BELLINGHAM, Rodrigo Hernandez CASCANTE alias Rodri, et Daniel Carvajal RAMOS connu sous le pseudonyme de Dani Carvajal. 

Malgré que ces 5 joueurs ont réalisé des prouesses extraordinaires et remporté des trophées individuels et collectifs (comme Lautaro qui a été meilleur joueur et meilleur buteur de la Série A, champion de la Série A et champion de la Copa America et également meilleur buteur de ce championnat continental), seuls deux noms retentissaient dans les médias. Ces deux noms scandés partout ne laissaient aucune chance au champion de l’Amérique du Sud, à l’Anglais finaliste de la Coupe d’Europe de rafler le prix. Seuls Vinicius, le faiseur de miracle des Madridistas et Rodri, le stabilisateur par excellence des Citizens étaient les grands favoris. Durant la saison, l’attaquant brésilien a joué un total de 39 matchs toutes compétitions confondues, a cumulé plus de 3 000 minutes à lui seul. Il a été décisif 35 fois : 24 buts et 11 caviars. Il a remporté la Liga (ligue espagnole de première division), la Ligue des Champions d’Europe et la Super coupe d’Espagne. De l’autre côté, Hernandez, le milieu défensif espagnol, a marqué 9 buts et 14 passes décisives (donc 23 fois décisifs) sur toute la saison. Rodri a remporté la Super coupe d’Europe et la Premier League (ligue de première division anglaise) et la Coupe d’Europe avec l’Angleterre. 

 

4. Qu’est-ce qui pourrait expliquer que le milieu de terrain de Manchester City a amassé plus de votes que Vinicius ? 

Le choix entre Vinicius et Rodrigo n’a pas été une chose aisée pour les journalistes. Ils sont deux joueurs totalement différents, l’un est un attaquant et l’autre un milieu défensif. Alors, les attentes pour l’un de la part des spectateurs ne sont pas celles pour l’autre. Si on voulait que Vinicius marquât beaucoup de buts, pour Rodri c’était que son équipe en encaissât moins grâce à lui ; si on voulait que le Brésilien additionnât les caviars, on espérerait que l’Espagnol interceptât les passes clés des joueurs adverses. Mais le destin a voulu que ces deux joueurs fussent adversaires pour un même trophée. 

Pour mieux faire leurs choix, les journalistes décisionnaires ont les 3 critères cités précédemment. Si le premier ou le deuxième critère n’aide pas à favoriser l’un des deux adversaires par rapport à leurs places respectives sur le terrain (lesquelles places ne se ressemblent pas), misant sur les réalisations individuelles ou les trophées collectifs qui sont égaux en nombre (mais qui sont totalement différents en termes de valeurs), le troisième, quant à lui, peut être perçue comme la principale raison de l’échec de la star madrilène. 

La classe et le fair-play sont des éléments essentiels au plus grand sport mondial. Certains joueurs ont brillé non pas seulement grâce au talent, mais aussi par la joie et le respect qu’ils véhiculent à travers ce sport, que ce soit sur le terrain ou à l’extérieur. On pourrait citer le Français Ngolo Kanté, le Brésilien souriant Ronaldinho, le milieu espagnol Busquets et beaucoup d’autres qui plaisent au monde du foot. Ces joueurs sont respectés et/ou applaudis par des supporteurs adverses dans les stades ou en dehors. Si le talent de l’ailier gauche brésilien n’est plus à prouver, son fair-play est mis à l’épreuve à chaque apparition dans un stade. Son comportement sur le terrain lui a valu expulsions au Réal Madrid et absence lors de la Copa America en quart de finale avec le Brésil – alors qu’il était l’étoile qui devait guider la sélection en absence du grand Neymar. 

L’Espagnol affiche, lui, un comportement jugé irréprochable par les arbitres, les joueurs et les supporteurs. Il n’est jamais dans les scandales ; il est absent des réseaux sociaux ; c’est comme si sa vie résumait à taper le ballon et à sa famille. Toujours discret et discipliné, il a su gagner des cœurs par son humilité pendant que Vinicius réclamait déjà le trophée lors de son altercation avec Gavi en classico contre Barcelone (4-0) à quelques jours de la cérémonie. 

Si les 100 journalistes ont tous eu la liste des nominés, ils n’ont pas tous fait choix des deux grands favoris. France Football a recensé 5 jurés qui n’ont pas mis Rodri dans leur top 10 et 3 jurés qui n’ont pas sélectionné Vinicius. Sans compter les fois où les favoris ont vu d’autres concurrents comme Erling Haaland, Jude BELLINGHAM, Kylian MBAPPÉ, Toni KROOS ou Dani Carvajal prendre leur place de premier. 

Au final, le régulateur anglais a devancé l’attaquant brésilien de 41 bons points dans le classement du ballon d’or. 

5. Contestations et soutiens

Comme est toujours le cas après chaque remise du prix ballon d’or, les supporteurs malheureux n’ont pas attendu longtemps avant de critiquer les instances concernées. Des joueurs en activité aux retraités, des anciennes gloires aux spectateurs, tous ont eu quelques choses à dire du lauréat du prix. 

Si la sélection brésilienne a fait preuve de bon perdant en disant à Vinicius que toute la nation brésilienne était fière de lui, l’équipe star de Madrid, elle, a adopté un comportement totalement différent en boycottant la cérémonie (aucun de ses joueurs ou de son staff n’y a été présent). Iniesta, lui, a adressé des félicitations à son compatriote en ses mots : « Plus que mérité. Félicitations Rodri. » (Faut-il rappeler que cette légende du Barcelone n’a jamais remporté le prix d’or, même quand il était champion du monde et buteur en finale de 2010 ?) D’autres légendes comme Messi, Cristiano, Marta ou le Français Karim Benzema ont commenté le prix. Quelques-uns félicitent et d’autres communiquent leur colère ou mépris. 

6. Vol ou choix justifié

Cristiano Ronaldo en 2013 au détriment de Franck Ribéry (3ème au classement) ; Messi en 2010 malgré la victoire de l’Espagne en Coupe du monde comptant des stars barcelonnaises qui se sont démarquées lors de la saison : Iniesta et Xavi ont été deuxième et troisième (17 et 16% des voix – même Messi a déclaré qu’il était surpris d’avoir eu le prix sur ces derniers) ; et Cannavaro, le défenseur, qui a devancé Pirlo ou Buffon, les deux pressentis en 2005 pour ce prix. 

Le ballon d’or a toujours été un prix entouré de polémiques, mais peut-on parler de vol ou de complot quand la subjectivité fait poids dans les décisions ? Le choix du lauréat ne se fait pas seulement sur le nombre de buts, de passes clés ou de compétitions remportées ; c’est aussi une affaire d’impressions, de sentiments. Certains joueurs attirent les spectateurs par leurs touches, leur joie sur le terrain ou leur humilité dans la pratique de ce jeu ; certains joueurs incitent le bonheur en les regardant, la sympathie, la tolérance et plein d’autres sentiments dans ce sport. Penser que l’attribution du prix d’or est injuste ou imméritée peut être un avis poignant et réfléchi, mais la qualifier de vol est quelque peu exagéré de la part des admirateurs de ce beau jeu où les votes sont révélés dans la presse quelque jours après le sacre du ballon d’or. 

 

Passionné de l’écriture et des arts , Joseph Widmayer ANGLADE est diplômé en journalisme à «  MAURICE COMMUNICATION »Ce fervent admirateur de la transparence croit fermement à la vulgarisation de l’information.Connaissant l’importance et l’impact qu’elle a sur la vie de tous les jours, alors il a fait du journalisme son métrier.