Alors que  notre système de santé fait face à des difficultés sans précédent, accentuées par la crise sécuritaire.La nomination de Bertrand SINAL à la tête du ministère de la santé publique et de la population semble une bonne nouvelle, cependant une gigantesque question reste en suspend.

De quelle marge de manœuvre le nouveau locataire du MSPP disposera -t-il? En raison de l’équilibre des forces au CPT, il risque de voir son action limitée au strict  minimum, si le CPT, le premier ministre, le ministre de l’économie et le chef de la police ne l’accompagnent pas dans son ministère.

À l’heure où la fermeture d’hôpitaux, de cliniques, de centres de santé et pharmacies battent tous les records, les difficultés de se soigner s’accroissent, Haïti peut-il se payer le luxe de se mettre en pause ? 

Après Gorges Fils BRIGNOL et Duckenson Lorthé BLEMA, Bertrand SINAL est le troisième ministre de la santé en 9 mois: cette instabilité ministérielle est dommageable et ne produit rien de bon.

Pour sortir de l’impasse sanitaire, il faut un ministre stable, certes, qui dure et qui endure, d’accord, mais pourquoi faire ?

Le système de santé est en souffrance, il faut une ordonnance, et une sévère.

Le système de santé doit passer en mode urgences. L’ordonnance ? Rouvrir les hôpitaux, sécuriser les médecins et le personnel soignant, intégrer les jeunes médecins dans le système de santé; prise en compte de tous les territoires, formation respectueuse et adaptée, facilitation des évolutions carrières . 

La santé publique, une affaire de confiance, mais aussi de sciences. 

L’échec de la  réouverture de l’hôpital général et le drame qui l’accompagnait montrent à quel point la fragilité de maintenir une politique de santé publique efficace et indépendante. Les politiques ont tendance à croire que ce n’est que du bon sens, et que tout le monde peut en faire or ce n’est pas le cas. Le fait divers du 24 décembre 2024 confirme combien être ministre de la santé est une affaire de compétence, mais aussi de confiance.

La santé publique , « c’est un métier « disait récemment un grand professeur de médecine haïtien. 

Les haïtiens attendent moins de manœuvres, moins d’esbroufe. Je pense que Bertrand SINAl est la bonne personne au bon endroit. 

Un homme compétent et d’expérience 

Formé à l’école de médecine cubaine ,deux fois Député de l’arrondissement de Port/ Salut et président de la commission santé à la chambre basse , ancien administrateur et directeur d’ hôpitaux publics , ancien conseiller ministériel . Docteur SINAL a le sens de l’intérêt général chevillé au corps.

Le ministre doit porter à la fois des réponses concrètes et pragmatiques aux problèmes de santé publique et dessine aussi l’ambition d’une réorganisation profonde de notre système de santé. 

Il est, en effet, insupportable de vivre les difficultés à trouver un hôpital, un médecin ou à accéder aux urgences, injustifiables de subir des retard de soins , de rester mourir chez soi  ou d’attendre une intervention chirurgicale maintes fois reportée. Un consensus doit être trouver entre le CPT, la primature , le ministère de la justice, le chef de la police et le ministère des finances pour la santé publique, les hôpitaux publics et privés.

Quel que soit la couleur politique du gouvernement, le ministre de la santé a le mandat impératif de proposer des solutions, répondant aux préoccupations des habitants de ce pays , relatives à leur santé.

Il semble par ailleurs préfigurer d’une volonté profonde d’écoute des professionnels, des usagers et des médecins. Autant d’acteurs qu’il faudra entendre et mobiliser pour reprendre le contrôle de la situation. Attendue par tous les patients. Leurs attentes sont aujourd’hui aussi fortes que légitimes. 

Ce qui compte maintenant, c’est la démarche qu’il va engager pour résoudre la crise de la santé publique dans le pays , qui est , je le rappelle, un droit fondamental. 

Toutefois, il faut pouvoir juger sur pièce !

By Tanes DESULMA

Tanes DESULMA, Rédacteur en chef d’Alternance-Media, je suis diplômé en journalisme de l’ICORP et en droit public de l’École de Droit de La Sorbonne. Passionné par l’information et la justice, je m’efforce de proposer un journalisme rigoureux et engagé.