Haïti est une terre de foi. Majoritairement chrétien, notre peuple est aussi porteur d’un héritage culturel et historique unique, fruit d’une résistance farouche à l’oppression. Pourtant, notre société reste déchirée par une tension : d’un côté, ceux qui, au nom du christianisme, rejettent certains aspects de notre culture ; de l’autre, ceux qui voient la foi chrétienne comme une trahison de nos racines. Mais cette opposition est-elle vraiment nécessaire ?
Le christianisme, une force spirituelle au cœur de notre histoire
Depuis l’indépendance, le christianisme a façonné la nation haïtienne. Des écoles, des hôpitaux, des mouvements de justice sociale ont été portés par des hommes et des femmes de foi. Le message du Christ amour, vérité, justice, a inspiré bien des combats, parfois même contre des régimes oppresseurs. Loin d’être un instrument d’aliénation, le christianisme peut être, lorsqu’il est vécu dans sa vérité, une force de libération : « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis » (Galates 5:1).
L’identité haïtienne, mémoire d’une lutte pour la dignité
Être haïtien, c’est porter la mémoire d’un peuple qui a refusé d’être esclave. Le créole, les chants, les tambours, les valeurs de solidarité et de courage font partie de ce que nous sommes. Ignorer cet héritage, c’est trahir nos ancêtres. La foi chrétienne ne doit pas nous amener à mépriser nos racines, mais à les purifier et à les orienter vers le bien commun.
Bois Caïman : un symbole à réconcilier
Le 14 août 1791, à Bois Caïman, des esclaves ont prêté serment de se battre pour leur liberté. Cet événement, souvent réduit à un « rituel vodou », fut avant tout un acte de résistance, le cri d’un peuple brisé qui refusait de rester enchaîné. Peut-on, en tant que chrétien, reconnaître dans cet engagement une quête de justice légitime ? Oui, car ce désir de liberté rejoint le cœur même de l’Évangile. Comme le dit l’Apôtre Paul : « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. » Commémorer Bois Caïman, ce n’est pas renier le Christ, c’est rappeler qu’Haïti est née d’un refus de l’injustice, une valeur profondément chrétienne.
Pour une Haïti debout, croyante et fidèle à elle-même
Le défi qui nous attend n’est pas de choisir entre le Christ et Haïti, mais de vivre une foi qui honore notre histoire tout en proclamant l’Évangile. Être chrétien en Haïti ou ailleurs, ce n’est pas tourner le dos à notre culture, mais la vivifier. C’est marcher dans les pas de nos ancêtres en portant, cette fois, la lumière de l’espérance et de l’amour du Christ. Car seule une foi enracinée dans la liberté et la dignité pourra aider notre nation à se relever.